lundi 5 décembre 2011

résidence à Lilas en Scène

10 jours à Lilas en Scène, à l'issus desquels on ouvre trois présentations (les 9, 10 et 12 décembre à 20 heures). Je commence dans la salle Isabelle. Le début du travail est toujours austère. Il faut être patiente.
On essaye d'aller au bout. (Les présentations du printemps portaient sur les 37 premières minutes du spectacle.) Il faut tout réadapter. Rechercher
Je continue le travail d'adaptation, toujours au plateau. Il faut renoncer à des passages que j'aimais, qui ne marchent pas scéniquement. Tout se fait par le rythme. Partir du souffle de l'écriture pour trouver celui de la parole. Aller-retours multiples. 
La disposition scénique est en tout cas décidée. Ici (là-bas, au fond, derrière le rideau noir) tout est possible, on tourne les sièges comme on veut (ou presque). Ça sera un genre de L, ou de V très large, fendu à sa base d'une traversée. Le public se trouve donc séparé - divisé (mot qu'aime beaucoup Bessette et qui je crois l'aime bien aussi). Comment faire pour que cette traversée ne se transforme pas en gouffre qui me happerait complètement. La bascule de Ida dans le délire devant témoins indifférents.
On rapproche un peu les sièges. La lumière fait son oeuvre. L'ombre grandissante. Le parcours naît peu à peu. C'est par là.

jeudi 20 octobre 2011

ce qui m'accroche chez Bessette…

photo emmanuel turlet


Ce qui m’accroche chez Bessette, ça n’est pas tant le texte que l’écriture. C’est-à-dire un mode de relation au monde (à soi, aux autres, j’en reviens toujours là.)
Le délire d’être.

Quand elle parle de roman contractuel et inachevé. Ça n’est pas parce que c’est pas fini, c’est parce que ça n’est jamais fini.
Elle met quelque chose en branle. C’est pas le texte, qui est fini, qui est là, qui s’impose. C’est l’écriture comme principe dynamique, quelqu’un qui s’impose à travers une chose qui s’impose et qui impose d’être. C’est vraiment un principe moteur.
Le délire.

Et du coup ça n’est pas le spectateur comme une chose constituée mais comme personne en route. Mise en branle, ébranlée, déviée ?

lundi 20 juin 2011

de quoi ça parle ?

La Chose-Ida, le cas Ida, Ida sans majuscule, Ida vieille usée fatiguée, Ida comme de la famille, Ida-monstre. Ida est morte. Je lui disais toujours. Ida. Regardez pas vos pieds comme ça.

Mais qui était Ida ? Qu'était Ida ? Et puisqu'elle est morte c'est donc qu'elle a vécu ? C'est ce qui avait échappé.

Ida ou le délire est un chassé-croisé de voix en variation, en dissonance, en écho, en contrepoint, en sourdine, en fanfare pour : Ce qu'on ne comprend pas. La mort de Ida. Et en même temps : une symphonie pour voix seule.

C'est ainsi que j'ai choisi d'aborder ce texte sidérant, dans l'élan de l'écriture rêche, incroyablement précise, drôle et glaçante d'Hélène Bessette. C'est une matière incandescente qu'on a entre les mains. Ça pulse, dans le sens du pouls, du passage du sang dans les veines, de la montée du sang au cerveau, des pieds à la tête. La cadence effrénée du texte est celle de la vie.

Irrésistiblement, on est attiré dans cette veillée funèbre qui ne finira jamais. On est chacun une non-Ida, face à l'absence de Ida. Face au mépris. A la diminution. Au délire de vouloir être. Etre-humain.